Ecrit par : Charlotte MARTINEAU, Juriste, Avocats Picovschi
SOMMAIRE
En tant que professionnel, vous vous apprêtez à acheter un immeuble pour y exercer votre activité. Vous souscrivez pour cela un prêt, nécessitant votre engagement personnel à titre de caution. Si les prêts immobiliers sont strictement encadrés par le Droit de la consommation, la jurisprudence est venue écarter cette protection des cautions lorsque le prêt concerne un immeuble à usage professionnel. Avocats PICOVSCHI vous informe sur ce régime des prêts immobiliers, à la lumière de l’arrêt de la Chambre commerciale de la Cour de cassation en date du 11 juin 2014.
Qu’est-ce qu’un immeuble à usage professionnel ?
L’usage d’un immeuble désigne son profil juridique, ce à quoi il est affecté. Il peut ainsi être à usage d’habitation, dans le cas de logements, ou professionnel lorsqu’il permet l’exercice d’une activité commerciale ou artisanale par exemple. Il existe également un régime mixte, lorsqu’un immeuble comprend une partie dédiée à l’habitation d’une personne et une autre à la pratique de sa profession. Ce type d’immeuble peut alors faire l’objet d’un bail mixte.
Déterminer si un immeuble est à usage d’habitation ou professionnel est nécessaire pour déduire le régime fiscal qui lui est applicable, entre taxe d’habitation ou cotisation foncière des entreprises. Cela fixe également la nature du bail à conclure, ou encore le régime du prêt immobilier nécessaire à l’acquisition de l’immeuble.
L’encadrement des prêts immobiliers par le Code de la consommation
Le crédit immobilier est encadré par la loi Scrivener de 1979, à des fins de protection des consommateurs contre les risques des prêts. Un certain nombre de mesures ont ainsi été instaurées, afin d’avertir l’emprunteur et de préserver ses droits face aux crédits accordés par les établissements bancaires.
Une information préalable est due à l’emprunteur, notamment en ce qui concerne la publicité et l’offre préalable de crédit. Il doit être averti, entre autres, de l’identité du prêteur, de la nature et de l’objet du prêt, de la durée de l’opération ainsi que du taux d’intérêt pratiqué (taux effectif global).
Outre l’emprunteur, la loi a pris soin de protéger les cautions venant s’engager en garantie d’un crédit immobilier. Un tel engagement ne doit en effet pas être signé à l’aveugle tant il est important d’en mesurer les conséquences. Pour cela, une mention manuscrite peut s’avérer obligatoire dans certains cas, en sus de l’obligation d’un engagement proportionné aux capacités financières de la personne caution.
Lorsque votre engagement de caution vous conduit à être appelé en garantie d’un prêt, l’avocat en Droit immobilier est à même de vous procurer une stratégie de défense efficace afin de protéger vos intérêts, voire faire annuler le cautionnement.
Dans l’affaire portée devant la Cour de cassation le 11 juin 2014, une société avait souscrit un prêt en vue de l’acquisition d’un immeuble à usage professionnel, pour lequel deux associés s’étaient portés cautions. Étant appelés en garantie par la suite, ils ont cherché à faire annuler leur engagement pour défaut de la mention manuscrite prévue par le Code de la consommation.
Une protection inapplicable aux immeubles à usage professionnel en matière de prêt
La demande des cautions s’est vue rejetée par la Cour de cassation. En effet, seuls les cautionnements de prêts destinés à financer l’acquisition d’immeubles à usage d’habitation ou à usage professionnel et d’habitation relèvent des dispositions protectrices du Droit de la consommation concernant les prêts immobiliers.
Ce régime n’a ainsi pas vocation à s’appliquer aux emprunteurs contractant un prêt pour le financement d’une activité professionnelle, ce qui était le cas en l’espèce. L’immeuble était en effet entièrement dédié à l’exercice de l’activité de la société ayant souscrit le prêt.
Cette solution s’inscrit dans une conception traditionnelle du droit français, qui veut que les professionnels soient considérés comme « avertis ». Ces derniers sont considérés comme disposant d’un degré de connaissance suffisant leur permettant d’être informés sur les risques encourus par l’opération envisagée.
Toutefois, l’absence d’une protection renforcée des professionnels n’implique pas une absence de droits. Il faut pour cela être vigilant au moment de la souscription du prêt et s’entourer des compétences d’un avocat en Droit immobilier en cas de conflit. Lui seul saura vous procurer les conseils nécessaires à la défense de vos intérêts et vous assurer une stratégie d’action efficace.