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Copropriété : que faire en cas d’abus de majorité ?

| Mis à jour le 15/09/2021 | Publié le 22/01/2019

Copropriété : que faire en cas d’abus de majorité ?

SOMMAIRE

En tant que propriétaire d’un bien au sein d’un immeuble soumis au régime de la copropriété, vous devez participer aux décisions relatives aux parties communes. A cette occasion, il est possible que certaines décisions prises en Assemblée générale aillent à l’encontre de l’intérêt général, voire même puissent nuire à vos propres intérêts, car l’un des copropriétaires dispose de plus de la majorité des voix. Vous vous questionnez sur les recours possibles contre des décisions que vous jugez arbitraires ? Avocats Picovschi, compétent en droit immobilier depuis plus de trente ans à Paris, vous explique quels sont les recours en cas d’abus de majorité lors d’une décision prise en Assemblée générale.

Qu’est-ce qu’un abus de majorité ?

Un des copropriétaires de l’immeuble dans lequel vous êtes vous-même propriétaire dispose d’un nombre important de tantièmes (ou quote-part), ce qui lui donne une influence considérable lors des assemblées générales, de sorte que lors d’une assemblée générale ordinaire ou extraordinaire, il a demandé que des travaux soient financés par la copropriété pour des montants très importants alors qu’il sera le seul à en profiter. Certaines parties communes de l’immeuble sont en péril et ce propriétaire refuse la réalisation de travaux indispensables ? Vous vous demandez si un recours ne pourrait pas être engagé car vous et les autres copropriétaires êtes fortement pénalisés, c’est un rapport de force qui s’instaure à chaque vote de résolution.

D’une manière générale, l’abus de majorité est défini comme le fait, pour la majorité, d’utiliser ses voix en assemblée générale de manière à favoriser ses intérêts exclusifs au détriment de ceux des autres copropriétaires et de l'intérêt général.

Tout d’abord, la loi cherche à limiter les pouvoirs du copropriétaire majoritaire. En effet, l’article 22 de la loi du 10 juillet 1965 prévoit que chaque copropriétaire dispose d'un nombre de voix correspondant à sa quote-part dans les parties communes. Toutefois, lorsqu'un copropriétaire possède une quote-part des parties communes supérieures à la moitié, le nombre de voix dont il dispose est réduit à la somme des voix des autres copropriétaires.

Ainsi, un copropriétaire ne peut faire voter à lui seul, au seul motif qu’il dispose de plus de la moitié des tantièmes (ou quote-part) de parties communes, une résolution en assemblée générale.

Les tribunaux sanctionnent régulièrement les abus de majorité favorisant l’intérêt exclusif du copropriétaire majoritaire au détriment de l’intérêt général de la copropriété.

Si le syndic ne prend pas en compte ces limitations dans l’organisation de l’assemblée générale, vous avez la capacité de demander la nullité des décisions adoptées.

Attention toutefois, selon le type de décision à adopter, la majorité peut changer.

Les décisions les plus courantes sont prises à la majorité des personnes présentes (article 24 de la loi du 10 juillet 1965). Cette majorité concerne notamment les travaux nécessaires à la conservation de l'immeuble ainsi qu'à la préservation de la santé et de la sécurité physique des occupants. Ici, dès lors que l’un des copropriétaires est absent de l’assemblée, alors ce copropriétaire peut imposer ou refuser des décisions, et pénaliser les autres copropriétaires.

À l’inverse, certaines décisions requièrent la majorité des 2/3 des copropriétaires (article 26 de la loi du 10 juillet 1965). Cela va concerner par exemple les décisions portant sur la modification, ou éventuellement l'établissement, du règlement de copropriété dans la mesure où il concerne la jouissance, l'usage et l'administration des parties communes. Ce copropriétaire peut alors bloquer la prise de telles décisions, alors qu’elles peuvent s’avérer nécessaires au bon fonctionnement de l’immeuble.

Dès lors, vous rapprocher d’un avocat compétent en droit de la copropriété vous permettra d’analyser la situation, et déceler un possible abus de majorité de la part d’un copropriétaire. En effet, dans certains cas, ce blocage est sanctionné par le juge. Quels sont donc les recours pour contrer cet abus de majorité ?

Copropriétaire lésé : agissez contre l’abus de position majoritaire !

La copropriété dans laquelle vous êtes propriétaire se trouve dans une situation délicate : des décisions pourtant indispensables ne sont pas prises car le copropriétaire majoritaire refuse de mettre la main à la poche. En retour, il fait adopter des travaux dont lui seul profitera.

Vous vous demandez quels sont vos recours et quelle est la procédure à suivre ? Une fois le procès-verbal de l’assemblée générale reçu, vous pourrez contester l’assemblée générale en engageant une action en abus de majorité devant le tribunal judiciaire.

La jurisprudence a énoncé les critères de l’abus de majorité permettant aux copropriétaires lésés d’agir contre cette utilisation excessive de leur position dominante.

Plus précisément, la troisième chambre civile de la Cour de cassation en date du 17 décembre 2014 (arrêt n° 13-25.134), nous dit qu’une décision d'assemblée générale ne peut être annulée pour abus de majorité que s'il est établi qu'elle est contraire aux intérêts collectifs des copropriétaires ou qu'elle a été prise dans le seul but de favoriser les intérêts personnels des copropriétaires majoritaires au détriment des copropriétaires minoritaires. 

Autrement dit, la décision ne doit pas avoir pour but de favoriser exclusivement l’intérêt d’un ou de plusieurs copropriétaires, ou de la majorité des copropriétaires au détriment d’une minorité de copropriétaires. Dans une telle situation, on est face à une situation de rupture d’égalité entre copropriétaires.

À titre illustratif, le refus de travaux indispensables au maintien en l’état des parties communes a été jugé comme un abus de majorité par la Cour de cassation depuis de nombreuses années (C.Cass ; Civ. 3ème ; le 11 janvier 1984)

Autres exemples : des décisions inspirées par des préoccupations partisanes ou la recherche d’intérêts purement personnels, refuser d’autoriser des travaux nécessaires à la poursuite d’une activité autorisée – un restaurant – mais que les copropriétaires considèrent comme indésirable (CA PARIS 23ème chambre 20 juin 2001 Loyers et Copropriété 2001 com n°302) ou octroyer à un copropriétaire le droit de s’approprier un palier commun sans contrepartie.

Pour exercer un recours contre la ou les décisions litigieuses, le copropriétaire dispose d’un délai de 2 mois à partir de la notification pour la contester. Qui plus est, la preuve de l’abus de droit sera à la charge du copropriétaire s’estimant lésé. L’avocat en droit immobilier saura collecter les preuves nécessaires pour prouver devant les juges que vos intérêts ont été desservis par une telle décision lors de l’Assemblée générale.

D’une manière plus globale, il est possible de contester l’Assemblée générale des copropriétaires. L’avocat expérimenté en droit de la copropriété est là pour obtenir la nullité d’une telle décision.

Pour demander cette annulation, il est nécessaire de réunir les preuves de cet abus de la part du copropriétaire concerné. L’avocat va avoir ici pour rôle de constituer un dossier solide afin de mettre fin à cette situation pouvant mettre en péril la conservation de l’immeuble. Avocats Picovschi, compétent en droit immobilier saura défendre les intérêts des copropriétaires lésés par une décision d’Assemblée générale de copropriétaires.

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